Florence Décembre 2009

J'ai lu ce matin en prenant mon café le bloc-notes de Sylvain Tesson dans le magazine "Grands Reportages". On aime ou pas le personnage, peu importe. Il écrit certaines vérités qui font du bien le matin en s"éveillant au monde, sans concession. Il a payé de sa personne d'après ce que je sais, ce qui le rend crédible et règle quelques comptes avec toutes les suffisances étalées et déblatérées à la une de nos médias.

Ceci étant dit, Florence est une ville dont on a tout dit et je ne vois pas ce que je pourrai rajouter. Nous y étions en Décembre-Janvier, à cheval sur les années 2009-2010. Le passage du Nouvel an est spectaculaire. Il pleuvait ce jour-là, comme les jours précédents. Une parenthèse: nous avons été pris dans les inondations dues à la crue de l'Arno, à Pise, notre hôtel s'est trouvé cerné par les eaux et réquisitionné pour accueillir les gens du quartier dont le domicile était sous les eaux. Il faisait nuit, très impressionnant et pour rallier l'établissement, j'ai débranché le GPS, outil qui ne connaît pas les aléas climatiques. Le 31 Décembre à Florence, nous avions droit à un concert symphonique vers 23 heures, orchestre sous le patio face au Palazzio Vecchio pour ceux qui connaissent. Le coeur de la ville, la quintessence de ce qui s'est fait de mieux dans l'expression artistique. Si nous pouvions capter, par delà les siècles, un peu de cette inspiration et de ce mouvement, cela changerait notre vie. Plus modestement, nous nous frayons un chemin à travers la foule agglutinée sur la Plazza della Signora, à chacun son parapluie. Assister à un concert classique debout sous la pluie demande une certaine concentration mais l'excellence de l'orchestre, la notoriété et l'allant des morceaux choisis balaient toute fatigue. A quelques minutes des douze coups de minuit, l'agitation monta d'un cran ,les explosions de pétards se rapprochèrent, de plus en plus nombreuses, rendant inaudibles les dernières mesures d'une des quatre saisons de Vivaldi. Le chef simulait un agacement certain, le bruit devenait assourdissant au milieu d'un nuage de fumée et d'une humidité persistante. Et là, un miracle: l'ensemble attaqua un morceau d'Offenbach particulièrement entraînant, le son des instruments couvrit pendant quelques minutes la pétarade, qui reprit de plus belle, et ainsi de suite, l'orchestre jouant crescendo jusqu'à atteindre des sommets acoustiques invraisemblables jusqu'à l'apothéose du changement d'année et des tonnerres d'applaudissements d'une foule déchaînée. L'année 2010 démarrait sous des auspices très rock 'n roll.

L'image de l'orchestre n'est pas très bonne, j'ai quelques excuses.