Chacun chez soi
Quand on attrape des mots au hasard des médias, ils frappent d'autant plus fort qu'ils sont souvent hors contexte :" 120000 réfugiés, ce n'est rien, parce que derrière, ils sont des millions ...qui poussent " Vous vous imaginez tout de suite derrière une porte résistant vainement à la poussée d'une foule voulant envahir votre appartement. C'est notre "ex" qui n'en rate pas une pour se faire des copains dans les sphères les plus nauséabondes de la société française. En regard, j'ai écouté Kouchner évoquer les boat-people fuyant le Vietnam à la fin des années 70 et la solidarité de l'époque, intellectuels ( c'est quoi déjà ?), députés de droite (mais oui!) et Giscard faisant assaut de générosité. Suivait une interview d'une ex boat-people intégrée en France et, disant en gros que ce serait aujourd'hui, elle ne viendrait plus ici.Je sais qu'il est de bon ton de souligner l'égoïsme français en ces temps de crise, que la générosité d'une période de plein emploi n'a plus lieu d'être mais force est de constater que le comportement de certains hommes politiques ne fait qu'alimenter ce repli sur soi. Ces réfugiés fuient la guerre, la mort qui tombe du ciel et ne cherchent qu'un abri, temporaire pour la plupart. Peut-on imaginer le déchirement que cela doit être de quitter son pays, de le voir détruit, de perdre tous ses repères, de voir ses enfants grandir au milieu des ruines, risquer leur vie à chaque fois qu'ils traversent la rue. Ne pensez-vous pas, braves gens, que ces personnes méritent tout autant que vous de vivre en paix ? En quoi sont-ils différents de vous ? Avez-vous donc tant de biens que vous souhaitiez les protéger à ce point ? Avez-vous oublié ces images de réfugiés du Nord et de l'Est de la France lors de l'exode, fuyant l'armée allemande en 1940 ? En quoi sont-ils différents? Des hommes, des femmes et des enfants qui cherchent un abri, on se doit de les secourir, notre pays est un pays riche,qui a des moyens, logistiques et humains pour accueillir ces malheureux. Entendre un ex-président attiser la peur des hordes barbares pour de basses visées électoralistes est une honte. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. La frilosité de nos dirigeants et leurs tergiversations ne sont guère plus glorieux et nul doute que l'égoïsme national s'en trouvera conforté.
L'image nous vient d'Inde et il me vient à l'esprit les réactions de peur à l'évocation de mes voyages dans ce pays, signe des temps.