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08 Nov

Le chat qui se mord la queue

Publié par gilles cochet  - Catégories :  #ACTUALITE

Le chat qui se mord la queue

Les inégalités se creusent. Accroissement de la richesse planétaire rime avec écart croissant entre les plus riches et les plus pauvres. Tous les économistes, libéraux ou keynésiens font ce constat. Personne ne sait quoi proposer, tous ayant été formés à l'école de l'économie de marché. On entend malgré tout quelques voix isolées redécouvrir les vertus d'un contrôle étatique, homéopathique certes mais les excès constatés heurtent la morale. Il n'y a pas de remise à plat du système économique, juste de ses errements, pour mieux le préserver. Les inégalités mettent en péril le bon fonctionnement du commerce international. Produire des biens ou des services suppose des acheteurs dont le pouvoir d'achat est mis en péril, non par une trop forte imposition comme certains voudraient nous le faire croire, mais par une pression accrue sur le marché du travail,une dé-règlementation des minima salariaux, une précarisation de la durée du travail et une fuite des capitaux vers les marchés financiers, plus profitables. Les fameuses classes moyennes se paupérisent dans les pays riches, la motivation au travail s'étiole et le sentiment général est le manque de reconnaissance qui s'instaure en mode de fonctionnement. Quel que soit votre investissement personnel au travail, celui-ci pourra être réduit à néant du jour au lendemain. Cette perception, individualisée, s'accompagne d'une baisse de pouvoir d'achat, réelle, et ressentie car ne pouvant accéder aux nouveaux produits, marqueurs forts de la reconnaissance sociale. C'est un paradoxe qui alimente une frustration croissante. D'un côté, je m'échine à participer à la création de ces produits et de l'autre, on ne me donne pas les moyens de les acquérir sauf à sacrifier d'autres besoins.

Curieusement, la paupérisation du taux de profit, formule magique du marxisme à sa grande époque, s'avère exacte aujourd'hui, quand l'appareil idéologique qui lui donna corps a disparu des radars intellectuels et médiatiques. Pour faire simple, à profit identique, investissement croissant, réduction maximum des charges jusqu'au point de non-retour où l'investissement devient négatif, se détourne de l'appareil productif vers le système financier. Nous y sommes. La vampirisation de la finance sur le commerce mondial atteint des proportions inquiétantes. Les dirigeants des grands organismes internationaux (FMI, BCE, etc...) font des déclarations dans ce sens et...c'est tout et ce ne sont pas les mesures symboliques sur les paradis fiscaux qui empêcheront les capitaux de se mettre à l'abri. Pour une Suisse montrée du doigt, vous avez moult îles paradisiaques (ou non), Iles Caïman, Jersey qui accueillent à bras ouverts les optimisations fiscales de tous horizons.

Nos classes moyennes, informées, ne peuvent que se sentir lésées par de tels pratiques. Les classes sociales plus défavorisées ne constituent, quant à elles, qu'une variable d'ajustement, une simple ligne comptable dans le coût de fabrication des produits de masse et ne consomment que ce qui est nécessaire à leur force de travail, elles n'ont pas les moyens de consommer ce qu'elles produisent, la liste des pays concernés est connue, en Asie ou en Afrique principalement. Comme la consommation est le principal moteur de la croissance mondiale, redonner du pouvoir d'achat à ceux qui achètent semble être une mesure de bon sens mais se heurte au plafond de verre de la nécessaire réduction des coûts, concurrence oblige.

C'est le chat qui se mord la queue, les chinois en sont l'exemple parfait, augmenter les salaires pour créer un marché intérieur et perdre en compétitivité à l'exportation, moteur de leur économie où délocaliser à leur tour et se heurter de plein fouet aux autres puissances économiques là où la main d'oeuvre est bon marché.

La planète est un monde limité. La loi du marché qui prévaut suppose une croissance infinie et nous approchons des limites physiques, sauf à inventer de nouvelles logiques économiques mais cela relève de l'utopie.

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B
Bel artivcle, bien écrit mais... au-delà du constat aucune proposition ! La cririque indignée ou l'indignation critique sont faciles mais ça ne suffit pas !
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