Pourquoi ?

S'il est une chose que les terroristes ont réussi, c'est de provoquer l'overdose médiatique. Tous les niveaux de l'évènement sont passés au crible, géopolitique, sécuritaire, émotionnel (surtout), passage en boucle des mêmes images, commentaires redondants du micro-trottoir, avis plus ou moins pertinents sur le sujet qui devient, de par sa terrifiante régularité, excusez-moi, presque banal. La conscience de la menace terroriste ne se mesure pas au degré d'empathie qu'elle suscite. La légitime réaction affective ne nous protège en rien, elle se superpose à l'incompréhension face à de tels actes et brouille le jugement. C'est à un phénomène très complexe auquel nous assistons, dont les racines sont multiples.

En quoi cela nous aide-t-il à comprendre de connaître les détails logistiques, la marque du véhicule, l'appartement où il a dormi, l'accessoire devient primordial. Des actes hautement symboliques se transforment en faits divers. Un braquage de banque ou un train qui déraille ne sont pas traités autrement. Que l'on glorifie le travail des sauveteurs est légitime, elles et ils font leur travail, souvent choqués par ce qu'ils découvrent sur les lieux du drame. Le rôle primordial d'un média lors d'évènements de ce type est d'ordre pédagogique. On n'explique jamais assez le contexte, le recul est plus que nécessaire quand l'émotion domine. Il ne sert à rien de l'amplifier. C'est d'autant plus indispensable que les amalgames et les récupérations se nourrissent de la confusion des sens. La prééminence des médias visuels n'aide pas. Lire posément quelques analyses, et non l'exposé des faits, peut aider à y voir un peu plus clair et se forger une opinion réfléchie. Comme toujours en pareilles circonstances, le temps sera le seul juge, emportant avec lui la souffrance des uns, laissant la place à d'autres malheurs et la même question de reposera encore et encore : Pourquoi ?