Le buis et le bousier
Une promenade hier nous a rafraîchi, balade dans le Vercors, fuyant la chaleur étouffante de la ville de Grenoble. Nous n'étions pas seuls mais la montagne est grande et belle.
Le buis se meurt dans ce massif. Curieusement, il est attaqué par une larve de papillon venant d'Asie, par voie maritime, les porte-conteneurs sont de formidables passeurs de maladies en tous genres. C'est un ami, féru de nature, il y vit, qui nous a montré les dégâts près de chez lui. Nous n'avions rien remarqué au cours de notre promenade, naturalistes béotiens non avertis des vicissitudes de mère nature, bien malmenée par la modernité. En Asie, cette larve a un prédateur naturel, absent en Europe, un oiseau qui permet au buis de prospérer. Quand il n'y aura plus de buis, le papillon s'éteindra de lui-même. En attendant, il prolifère.
En redescendant, nous avons cette fois très bien perçu les tâches grises en lieu et place du vert de l'arbre au bois le plus dur qui soit, arbre à la croissance très lente.
L'inconséquence de l'homme, involontaire ici, n'a hélas pas fini de sévir.
J'ai entendu une autre histoire qui, heureusement, se termine bien. Dans la conquête de nouveaux espaces, l'Australie fut un morceau de choix, d'abord prison à ciel ouvert, puis lieu de colonisation. Qui dit colons, dit élevage, dont on importa le cheptel. L'Australie est un éco-système, de grande taille certes mais qui vécut en vase clos pendant un temps certain, sans contact aucun avec d'autres espèces végétales ou animales. Les animaux à cornes sont comme tous les mammifères: ils défèquent. Leurs bouses produisent une toxine qui...stérilise la terre sur laquelle elle se pose. Dramatique me direz-vous. En effet mais dame nature avait tout prévu, sauf en Australie où l'absence de bovidés ne nécessitait aucune protection particulière. On fit des recherches, rondement menées, qui nous firent découvrir les vertus d'un insecte fort connu, peu sympathique vu son biotope : le bousier. C'est l'antidote contre la stérilisation de la terre australienne. L'animal, par son action, dissocie les molécules chimiques contenues dans les excréments, annihilant ainsi son néfaste travail de stérilisation.
L'homme donna un coup de pouce à la nature, et aux colons, et le bousier vint enrichir la faune australienne.
Nulle philosophie à tirer de ces interactions si ce n'est qu'il faut se garder de tout catastrophisme tout en restant vigilant.