Pourquoi je ne voterai pas aux élections européennes ...
Je suis navré d'en arriver là mais non, je ne voterai pas à cette parodie de choix démocratique. L'on sait que depuis 1989, le citoyen a le choix entre un système libéral "sauvage" ,un système libéral "social", et je rajouterai un modèle plus vert avec la possibilité de ne pas changer de modèle économique tout en se donnant bonne conscience par l'abandon des énergies fossiles, j'en parlerai plus loin. Le Parlement européen, celle issue des urnes lors des dernières élections européennes représente un agrégat d'élus nationaux, souvent recalés dans leur propre pays, se retrouvant dans cette institution faute de mieux. C'est une salle d'attente en quelque sorte de jours meilleurs comme le Sénat français peut être considéré comme une maison de retraite de luxe pour le personnel politique.
Le renforcement du pouvoir de ce parlement par le traité de Lisbonne a boosté le lobbying des firmes transnationales, dans l'obligation de renforcer leurs équipes, déjà omniprésentes à Bruxelles auprès de la commission. La haute technicité de notre société oblige à de multiples ajustements, aux enjeux économiques considérables, la CEE, rappelons-le, est la première puissance économique de la planète. La nécessité d'une compétence protéiforme s'avère vite impossible à tenir pour des élus qui sont comme vous et moi, des êtres normaux à l'intelligence certes supérieure mais plus habitués à manier les concepts qu'à disserter sur les vertus de tel ou tel désherbant.
Mais les lobbys sont là et fournissent clés en main les réponses à cet océan de détails techniques. Les firmes multinationales n'ont jamais été aussi puissantes, le pantouflage est une règle, les allers-retours entre monde politique et entrepreneuriale servent les intérêts de qui ? A votre avis ?
Le moins-disant social n'avance plus masqué, il est à nos portes, il s'étend en Europe, gangrenant la Communauté européenne. Le taux de chômage miraculeux de pays comme l'Allemagne, La Tchéquie ou la Grande-Bretagne cache des disparités de conditions de travail, l'institutionnalisation de la précarité comme variable d'ajustement, l'Uberisation, l'américanisation des conditions de travail progresse.
La question est de savoir : Qui a le pouvoir, le vrai, celui qui régit votre quotidien, des centaines d'élus, presque tous d'accord sur un système économique qui accroit les inégalités, le modifiant à la marge ? Ou la formidable logique économique des lois du marché représentés par des firmes transnationales qui s'affranchissent de toute règle de vie collective, ne paient des impôts qu'au plus offrant des pays membres, Irlande, Luxembourg.
Qui, au jeu des coalitions, représentera les intérêts des peuples à cette assemblée d'élus, avec un vrai pouvoir, et arrêtera de servir de caution, de mouche de coche à qui l'on donne la parole de temps à autre, histoire d'agiter une dernière fois le chiffon rouge, pathétique baroud d'honneur de nostalgiques de rêves dévoyés ?
Verdir le discours donne bonne conscience mais je crains qu'il ne soit trop tard.
Je n'en serai pas.