Le coeur de l'été
31 Juillet, le pays s'arrête de travailler, enfin, pour ceux qui ont du travail. Je connais quelques personnes de valeur qui aimeraient traverser l'été ailleurs qu'entre deux séances d'ennui entrecoupées de lectures enrichissantes, assaisonnées de réflexions sur le temps qui passe et celui qu'il fait, un oeil sur l'actualité, redondances vociférantes ou mortifères, un autre sur le smartphone, pas si smart que ça quand on y pense, support relationnel des grandes désespérances, accélérateur de solitudes, clins d'oeil appuyés vers une consommation compulsive. Je pense à toi, là-bas, et à toi, ailleurs, que j'ai connu, à moi aussi, écrans multiples pour solitaires contraints. L'été, saison de vacances, contraintes du calendrier, congés obligatoires des foules aux portes des cités touristiques, masses engluées dans les ruelles étroites de villes moyenâgeuses, nez en l'air, proéminences stomacales et bermudas improbables donnent à voir nos contemporains se noyant dans leur inculture historique légendaire. Quel siècle déjà ?
C'était le vingt et unième, dernier du genre, le silence assourdissant des pantoufles paracheva le travail de destruction massive entrepris par leurs aînés. Je pris l'avion pour la dernière fois le 21 Novembre 2019, rentrant en catastrophe de ce qui fut un des derniers vols commerciaux de l'Histoire, Sydney-Guanzhou-Paris, et retour dans ma campagne léthargique, là où rien ne bouge, chacun cultivant son potager, en prévision de l'hiver suivant, incertain, l'alternance des saisons ayant quasiment disparu, je cultive mon jardin toute l'année, autosuffisance alimentaire obligatoire pour tous, décret du nouvel état d'urgence, nouveau gouvernement d'obédience écologiste suite au coup d'état numérique du printemps 2020 bloquant toute activité humaine consommatrice d'énergie. Retour à des jours frugaux, la Terre se régénère, nécessaire survie d'une espèce en danger, la nôtre, le provisoire annoncé pourrait se prolonger, nos nouveaux leaders réfléchissent à une solution alternative, le doute subsiste .
Bonnes vacances, profitez-en, ce sont les dernières