Ame brisée de Akira MIZUBAYASHI aux Ed Gallimard
Avis donné dans BABELIO
Un écrivain japonais écrit en français, rare passage de cette langue à l'autre, réussite totale dans l'esprit et la forme. Je ne raconte jamais l'histoire dans mes avis, c'est une opinion, pas un synopsis. L'humanité, par moments, a des éclairs de génie doublés d'opiniâtreté. La noblesse des âmes existerait-elle donc par delà les horreurs évoqués au quotidien dans une presse avide de turpitudes sordides ? La musique est un formidable vecteur de rapprochement entre les peuples, il exerce une fascination sur les êtres à travers le temps et l'espace. Je reste sidéré par les mots magiques couchés sur le papier par l'auteur, nous transportant d'une scène abominable à un accomplissement total, le tout par le truchement d'un enfant devenu homme, dans une constance jamais démentie à travers les décennies, fidélité à la mémoire du père dans ce qu'il reste d'un violon, symbole d'une violence gratuite. La volonté tranquille d'un luthier s'affranchira du temps et des guerres pour redonner à l'instrument les outils de la revanche d'un art séculaire, merveilleux outil de mémoire, rayon de soleil illuminant l'hiver de vies entrecroisées. La passerelle fragile du temps passé se reconstruira sous nos yeux lors d'une soirée, formidable pied de nez à tous les belliqueux de l'Histoire.
L'art est ce qui reste, indubitablement.
Formidable auteur dont j'avais vu une interview il y a quelques semaines.
Notons au passage que la littérature japonaise traduit avec finesse et douceur tous types de rapports humains, délicatesse et pudeur sont les maître-mots de ces textes, qu'ils soient écrits en japonais ou en français.
A lire absolument.
Les baigneuses-Cézanne Musée de Philadelphie