Jour 33 de la Grande infection à Laurenan, il est 8h07, nous sommes le 18 Avril 2020

Une infection à Laurenan ? A part les mauvaises odeurs méphitiques récurrentes, je n'en vois guère. Je constate des gens malheureux de ne pouvoir exercer leur métier, une incompréhension face à la reprise programmée de l'école, matériellement compliquée à mettre en place. Vu d'en haut, c'est une mesure de prophylaxie, les confinements familiaux devenant porteurs de virus relationnels dévastateurs, vu d'en bas, la débrouille sera au rendez-vous, à moins qu'une fronde se lève et dise STOP ! Je ne saurais vous dire, mal placé je suis, mais la gestion de cette crise n'étant pas de la meilleure eau, il semblerait qu'il faille libérer des parents afin qu'ils retournent au travail ,remettre l'économie française en état de marche, l'ogre du marché attend sa pitance, les enfants, porteurs potentiels sains du virus, infecteront à leur corps défendant le corpus enseignant et leurs auxiliaires, avec ou sans masques, on ne sait pas, avec ou sans tests, on ne sait pas non plus.

L'ouverture des lieux de restauration, au mieux pour la mi-juillet, il y aura des morts, une profession sinistrée, les reports de charge ne remplacent pas un chiffre d'affaires inexistant. J'ai entendu un médecin demander l'ouverture raisonnée des plages, ce que j'ai toujours pensé. Canaliser les mouvements me paraît plus approprié que les interdire.

Je relis les chiffres de ce matin : 110000 personnes contaminées à ce jour sur 67 millions d'habitants. Je me trompe ou c'est peu. La probabilité qu'il y en ait beaucoup plus est évidente, mais nous ne le saurons pas, sans doute jamais et Mr Macron peut gloser sur les opacités du système chinois, le nôtre est d'une perversité toute française : nous avons le nombre de victimes, la peur évitant le danger, comme chacun sait mais nous ne savons pas qui porte ce fichu virus, d'où la méfiance, la délation et l'enfermement, redoutables effets secondaires et rideaux de fumée occultant les manques gouvernementaux. Il sera intéressant, et consternant, je le sens, de lire entre les lignes les discours d'après, les justifications, de reprendre les textes législatifs commis dans l'urgence et les dates d'application, leurs limites et...leur abrogation éventuelle.

Comme je ne crois à aucune rédemption, le pire n'est jamais sûr.

Nous croyions que c'était pire, non, c'est pire encore.

Bises virtuelles

Image : Angkor Cambodge 2010