Le marché du mercredi, nous sommes le 23 Septembre 2020, il est 10h30
Si ce n'est pas une habitude, cela commence à y ressembler. La pire des habitudes est celle d'en prendre, disais-je en mes jeunes années, une forfanterie d'ado qui se prolongea au delà de l'âge bête pour mourir dans les sables de la réalité, têtue comme chacun sait. A chacun ses repères qui se fixent assez vite dans l'enfance et je n'en manquai pas, de ces références nécessaires au développement de toute personnalité, dans la campagne qui me voyait grandir. J'y pris mes premières marques, délivré de toute contrainte, de tout stress, l'équilibre fragile d'un enfant se mesurant au nombre de chutes, bobos sans gravité par lesquels l'apprentissage de l'existence imprime un cerveau encore vierge. Quelques pages imprimées n'ont pas suffi à éviter les fractures d'une existence chaotique, quelques décennies plus tard sur un marché bi-hebdomadaire d'une ville endormie, se retrouver comme tout un chacun à philosopher devant un café, sur une terrasse, ordinaire rendez-vous des commerçants avant l'ouverture de leurs magasins respectifs. Beaucoup d'habitudes et de réconforts se retrouvent ici, lieu convivial, plus besoin de repères, non, quelques mots suffisent, échanges fugitifs de politesses et de respects mutuels, la journée peut alors commencer, incertitudes financières en devenir, le petit soutien du matin fait du bien.
A moi aussi.
Mes interrogations ne sont pas matérielles, existentielles, problème de riche.
Retour à l'appartement sur une musique du Sud profond, blues, traduction artistique de vrais tourments, extraordinaire revanche qui n'a rien résolu, nous le savons.
Je suis loin du marché tranquille, le mercredi, c'est celui des retraités, rythme lent et masqué, routine à petits pas, j'en approche, j'y suis.
Je sors de la place, j'enlève le masque.
Rien de particulier aujourd'hui, rendez-vous à 17 heures, lien social hebdomadaire, je m'en aperçois, le seul fixé à l'avance, ah, un repère.
Bises
Image : Islande / 2016