Pas d'humeur ce matin, ni bonne, ni mauvaise. 09h08

J'arrête de mettre les trois points à la fin de chaque phrase, c'est un peu lourd comme signal de ponctuation. Vouloir à tout prix souligner le sous-entendu qu'il y aurait derrière le dernier mot de la phrase précédente, c'est prendre le lecteur pour un idiot, il est censé avoir compris, arrête, c'est bon.

OK, je ne m'appelle pas Céline ou Joyce, qui en mettaient partout, c'était il y a longtemps, à l'époque, c'était neuf, iconoclaste et il y a le talent, on ne s'étendra pas, je suis lucide, moi qui écrit un billet chaque matin, bien incapable de travailler plus longtemps, fainéant je suis, trop facile, mon garçon, on en reparlera me disait quelqu'un. Il faut avoir les moyens de son dilettantisme. C'est presque un gros mot aujourd'hui, à l'heure où tout se professionnalise, même la bêtise, c'est une garantie de sérieux, de savoir de quoi l'on parle, d'être diplômé de professionnalisme, la légitimité quel que soit le sujet. Il faut nourrir l'hydre polycéphale du média polymorphe, peu importe, faire profession de professionnel est garant de l'écoute attentive du bon peuple apprenant.

Juliette Gréco nous a quitté, comme Michael Lonsdale, témoins d'autres temps, intelligences subtiles loin du manichéisme ambiant. Des artistes marginalisés par l'âge que seule la mort sort de la retraite, le temps d'hommages multiples plus ou moins sincères, avant la mise en bière, quelques images d'enterrement et se refermeront les livres de ces personnes remarquables. Je scrute l'état de santé des octogénaires ou nonagénaires que j'aime, qui font partie de mon univers, avec lesquels j'ai vécu depuis soixante ans, de Woody Allen (il va bien) à Paul Mac Cartney en passant JMG Le Clézio, tous ces artistes sans lesquels je ne serai pas ce que je suis, riche des émotions qu'ils m'ont donné; quand elles et ils s'en vont, c'est un peu de moi-même qui pars.

L'âge n'est pas non plus un label de qualité, la date de péremption est passé depuis longtemps pour certains qui s'obstinent, difficile de quitter la lumière des projecteurs, poussé vers la sortie, à chacun son tour, garez-vous sur le bas-côté, laissez passer.

Avec le temps, va, tout s'en va

Bises

P.S : Chronique douce amère dans le silence de l'appartement, mes acouphènes et moi.

Image : Boston / Oct 2016