L'anomalie, prix Goncourt 2020, d'HERVE LE TELLIER aux Ed Galimard

Avis paru dans BABELIO

Prix Goncourt 2020, que je n'aurais sans doute pas acheté sans ça. C'est idiot, mais cela arrive. L'auteur est un mathématicien passé au roman, d'où les démonstrations scientifiques poussées, nécessaire à une conclusion plausible du scénario proposé. Je ne dévoilerai pas l'intrigue, ce qui ôterai tout intérêt à cet avis de lecture censé donner envie de lire l'ouvrage. A la manière de Ph.K Dick, féru de paradoxes temporels ou spatiaux, nous sommes embarqués dans une série de portraits, processus narratif très américain, présentation des protagonistes, se retrouvant à un moment donné tous regroupés, histoire commune en un lieu commun, destin individuel sans grand intérêt, personnage archétypal, représentant d'une strate socio-professionnelle, CSP++ quand même. On sent le procédé, les trucs scénaristiques, construits certes, mais diable, peu d'émotion transpire de ce livre, peu d'empathie envers les personnages, beaucoup de clichés ne nous sont pas épargnés, liaisons illicites, auteur de roman torturé, avocate issue de minorité, autre avocate cupide et procédurière, deux frères, l'un pilote de ligne, l'autre, chirurgien, brillant bien sûr, religieux fanatique,etc...
Lecture rapide, suspense un peu limité et plombé par des explications scientifiques alambiquées, l'auteur ne sachant (et nous avec) comment sortir de son histoire.
N'est pas K.Dick qui veut et, soit dit en passant, celui-ci ne soignait pas vraiment son style littéraire, par contre, bétonnait ses démonstrations, aussi tordues pouvaient-elles être, et l'on y croyait.
Ici, c'est très compliqué, indigeste et publié chez Gallimard, on pouvait espérer une écriture plus fluide.
Ceci dit, si vous ne connaissez pas l'auteur américain, vous aimerez sans doute cet aimable plongée dans le monde des paradoxes, sans grand risque d'y replonger un jour.

Bises

Image : Musée Sydney

Comments

[Marièle Collin]

Moi, je suis une lectrice naïve. Je sais bien que l’auteur a joué avec les procédés narratifs, il le reconnaît, d’ailleurs, lui-même. Il ne fait pas partie de l’Oulipo pour rien. Mais, comme je l’ai déjà dit, j’aime bien les auteurs farfelus. Ça fait du bien de sortir du réalisme déprimant.
J'apprécie vos commentaires même si visiblement nous n’avons pas les mêmes opinions. C’est ce qui est intéressant.

[Gilles Cochet]

Merci pour votre réponse.

[MARTINE RUELLAND]

merci pour la critique, au suivant comme disait Brel dans une de ses chansons que j'adore..........