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21 Feb

L'inconnu de la poste par Florence AUBENAS aux Ed. de l'Olivier

Publié par gilles cochet  - Catégories :  #LIVRES

Avis paru dans BABELIO

 

Enquêteuse hors pair, Florence Aubenas plonge dans une France qui n'existe pas dans les statistiques sociales. Un monde composé de personnes à la dérive, qui émergent un jour, replongent le lendemain, échappant aux radars sociaux dont la France s'est équipée au travers de multiples directions départementales, de services sociaux. Ici, c'est l'Ain, département limitrophe de la Suisse, entre Lyon et Genève, Nantua, Montréal la Cluse, près d'Oyonnax, aujourd'hui isolé après la construction de l'autoroute qui surplombe la vallée. Un microcosme du Haut-Bugey, qui dépend des usines Plastique de la vallée. Petites histoires de trafic de drogue, quelques rapines, rien de grave, les marginaux du coin ne sont pas des pointures, une petite délinquance ordinaire jusqu'à ce jour où un crime sanglant plonge le village dans un psychodrame collectif, de par la victime, fille du coin, et des soupçons multiples qui pèsent sur quelques individus dont un ancien acteur à la personnalité trouble et complexe, suspect idéal, d'autant plus que celui-ci entretient le doute, sème le trouble dans les esprits qui ne demandent qu'une chose : un coupable. L'affaire va traîner des années et ...je ne vends pas la mèche. L'auteure démonte les lenteurs, les hésitations, les pesanteurs et surtout l'incompréhension face à l'assassinat d'une personne que tous appréciaient. La violence ne fait pas partie de la vie d'un village tranquille. Gerald Thomassin, acteur écorché vif, personnalité insaisissable, s'est installé à Montréal la Cluse, il n'est pas d'ici, sympathique et suscitant la compassion, il n'est pas inquiété dans un premier temps, sa maladresse va orienter les regards et en faire un coupable potentiel.
F.Aubenas nous expose son cursus, son profil psycho-social, sans pathos inutile ni jugement de valeur, c'est heureux. Acteur d'instinct, il entretient une confusion des genres, mythomanie involontaire entre ses rôles et la réalité mortifère qui baigne la vallée.
La justice ne sort pas grandie de l'ouvrage, les travaux d'enquête de la police non plus. Il faut dire que les éléments ne sont guère parlants, l'affaire s'endort, puis rebondit à plusieurs reprises.
Y voir clair relève de la méthode Coué ou de la fixation, attitude psychologique du père de la victime, pauvre homme miné par le chagrin, dérive fort bien transcrite.
Enquête au long cours, ce livre se lit comme un polar, mais attention, ce n'en est pas un, n'attendez pas de grandes envolées, les faits et analyses uniquement, fort bien écrites par ailleurs.
A lire si vous aimez le genre.

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