Le testament russe de SHUMONA SINHA aux Ed Gallimard
Avis paru dans BABELIO
Je ne sais quoi dire sur ce roman. Les univers dont il est question aujourd'hui ont été emportés par le torrent de l'histoire, les gens qui en sont sont les héroïnes tentent de sauvegarder la mémoire de celles et ceux qui essayèrent de rendre notre monde meilleur. Les passerelles construites à cette époque, fruits de jeux géopolitiques, de manipulations diverses ont été détruites, laissant sur le bord de la route des milliers d'orphelins, dont l'émergence d'une nouvelle manière de penser le monde avait fait naître l'espoir d'une sortie d'un monde moyenâgeux. Les plus avertis se sont tournés vers d'autres horizons, les autres, les femmes ont porté le deuil de cette espérance déçue, d'autres, plus rares, se sont accrochées à ce qu'il restait comme traces indélébiles, sentinelles dans la tempête.
Un prénom russe est une curiosité à Calcutta, la Russie n'est éternelle que dans les rêves les plus fous d'idéologues ou d'idéalistes s'identifiant au mirage socialiste, une libération impérative et vitale d'une jeune femme soumise à la férocité d'une mère jalouse, d'un père dépassé trouvera sa source de vie dans les grands espaces fantasmés de ce pays lointain aux frontières incertaines.
L'espoir est en suspension par delà l'espace et le temps, nous ne verrons pas cette rencontre, elle est en devenir, la possibilité qu'elle ait lieu tient déjà du miracle, à nous, lecteurs, d'écrire la suite d'une aventure intérieure qui force l'admiration et le respect.
De Calcutta à Léningrad, les chemins de la littérature sont semés d'embûches, les mots restant les passeports d'une liberté retrouvée.