Il est 07h49, nous sommes le 17 Novembre 2021
Rien hier, difficile de raconter quoi que ce soit le nez rivé sur l'asphalte, régulateur à 130, en route pour les Alpes, il pleut sur le chemin. Il y a toutefois toujours un truc sur lequel on peut disserter, voire plusieurs contradictions sur lesquels on pourrait insister, histoire de remuer le couteau dans la plaie. L'autoroute est un monde en soi, ruban clos assurant, moyennant finances, un déplacement d'un point A à un point B, risque minimum, gîte et couvert si nécessaire, carburant et détente en espaces verts recréés, coin nature artificialisé. L'arrêt repas que je pris me permit, en relation avec les infos du début de semaine, de mesurer l'abîme entre les voeux verdoyants de certain et la réalité consumériste de chacun. Je regardai un jeune couple avec leurs deux jeunes enfants, image du bonheur familial, victuailles achetés au prix fort dans la boutique, assis dans le coin repas qui nous servait de cantine. Pas de cri, tout sourire, non, ce qui me chiffonnait, c'est l'amoncellement d'emballages en tous genres, plastiques souples, rigides, plats en carton et couverts en bois, fruits coupés conditionnés, etc... Les enfants, 3, 5 ans environ vivront leur vie dans ce 21ème siècle, repères plastifiés et discours alarmistes en fond sonore. Ces gens avaient l'air tout à fait normaux, ouverts, attentionnés envers leur progéniture, et nous étions là, toutes et tous, à absorber, moi, mon sandwich au thon, eux, leurs plats préparés et autres produits industriels blindés de conservateurs. Tous ces emballages finiront dans la poubelle, chaque jour son container, et si nous suivons sa trace, une déchetterie, traités, brûlés ? Et tous de vitupérer contre cet univers, décidément irresponsable, moi aussi, avec mon sandwich pré-emballé, cette société qui creuse sa propre tombe. Nous allons tous au plus facile, plus simple, immédiatement disponible.
Ces enfants qui mangeaient de bon appétit, sur cette aire d'autoroute au milieu de la France, 35 ans environ en 2050, ne se souviendront pas de ce lieu ô combien anonyme de 2021. Et les adultes qu'ils seront maudiront leurs conditions de vie, leur lot quotidien à cette époque.
En repartant, je regardais des techniciens qui montaient une nouvelle enseigne de restauration : Pizza Hut
Un ange passe, obèse.
L'avenir nous appartient., toutes les COP 26, 27, 28 n'y changeront rien. La responsabilité est collective dans les actes quotidiens. Je suis conscient que l'inertie liée aux habitudes de confort est un frein à la prise de conscience, à la modification progressive de notre mode de vie. Je ne suis pas vraiment donneur de leçons sur ce plan. Nous savons qu'il y aura des changements à opérer, radicaux. En fonction de l'âge, de notre situation sociale, la perception que nous en avons est différente, porteuse de conflits, la tendance est plus à accuser l'autre, qu'à chercher des solutions ensemble. Les valeurs prédominantes aujourd'hui, égoïsme fondamental nécessaire et distanciation, ne sont guère encourageantes.
Comment se motiver quand les décideurs, politiques et économiques, sont plus préoccupés par des visées étroites et à court terme, électorales pour les uns, financières pour les autres. Il n'y aura pas de grand soir écologique de laquelle jaillirait une conscience collective, les idéalismes ont fait long feu et ont mangé leurs propres enfants.
Humains de tous les pays, unissez-vous !
Le slogan semble désuet, il est vital.
Bonne journée
Bises
Images : Street art Grenoble Juin 2015 / Rome Décembre 2007