Quelle audace ! il est 08h01, le 25 Janvier 2022
Au bord de l'eau, il fait beau en cet après-midi. J'ai bravé l'interdit, profitant de quelques heures de vacances prises par mon virus personnel. Je tiens debout. Pas vaillant, j'ai conduit mon auto au mépris du danger, dix minutes de conduite, vase clos, une place sans trop de manoeuvres. Je regarde à droite, à gauche, personne à moins de cinquante mètres, attention, une dame promène ses deux cockers, de l'autre côté de la rue, j'ajuste ma doudoune. Je m'engage, change de trottoir, apercevant un monsieur, personne sur celui-ci, c'est bon, la plage est au bout. Sur la promenade, quelques couples déambulent. Je les laisse passer, me glisse vers l'escalier, ouf, m'y voilà. L'étendue infinie du sable m'accueille.
Je ne suis pas seul. Quelle est la distance de sécurité ? J'ai oublié mon protocole à l'appartement, moi et les réglementations. Il est vrai que je risque gros : mise en danger de la vie d'autrui. J'ai acheté du pain hier matin, j'étais seul dans le magasin, masqué jusqu'aux oreilles, j'ai fait imprimer ma prose dans un magasin style hangar, distances sanitaires fort conséquentes, caisse protégée d'un mur de pvc transparent, imprimante dans une pièce attenante, et moi, badigeonné de gel.
Et je suis rentré chez moi, dans mon auto, via l'escalier, retenant ma respiration, sait-on jamais ?
La force des protocoles sanitaires est que l'on ne peut y opposer que la mauvaise foi. Rationnellement, gestes-barrières, distance de sécurité, gel hydro-alcoolique ont leur raison d'être. Le souci est qu'ils ne protègent plus que des gens bien-portants si quelqu'un de contaminé ne peut pas sortir faire quelques courses. Le plus embêtant, à mon humble avis est que ce protocole s'habille très vite d'un code moral, de bonne conduite.
J'ai un peu passé l'âge de recevoir des leçons de morale, notamment dans le domaine du respect de la vie d'autrui, c'est déjà assez pénible comme ça, inutile de se fabriquer des barrières supplémentaires.
Prendre l'air et continuer à vivre, pas survivre, vivre.
Les images du jour ont le goût du fruit défendu, attention avant d'y goûter, voir si vous n'enfreignez pas une règle non écrite, de complicité de mise en danger de la vie d'autrui, vous savez, ce genre de lois édictées sous d'autres régimes, ah ! la légitimité de l'autorité morale, que répondre ?
Rien ! Tais-toi et obéis...
Bonne journée
Bises