Souriez, vous êtes filmés ! le 23 Mai à 06h53
Insomnie ce matin. Rien de particulier ne vient justifier des yeux ouverts à cinq heures du matin. Il pleut, je le constate en sortant sur le balcon. Je ne le vois pas, je l'entends. Les lumières de la ville sont éteintes à cette heure-là. Une ville avec des rues sombres, une place non éclairée, un lampadaire émet un halo de lumière dans la rue derrière, renforçant l'atmosphère sinistre du lieu. C'est tendance. Je crois me souvenir que les rues au Moyen-âge étaient dans l'obscurité, provoquant une insécurité réelle pour le bourgeois rentrant nuitamment chez lui. J'apprends que le nombre de secteurs surveillés par caméra vidéos à Saint-Brieuc va s'accroître. Je ne sais pas si elles fonctionnent la nuit, caméras thermiques ou infra-rouges ? Dans les ruelles sombres ou sur les artères (sic) en pleine lumière. J'aimerai que l'on m'explique la logique fonctionnelle de l'ensemble. L'insécurité dont on nous rebat les oreilles n'est plus au niveau du sentiment dans une ville comme Saint-Brieuc, elle relève du fantasme. Je sors peu le soir, non que j'ai peur, juste parce qu'il ne se passe rien. Je suis sorti du restaurant l'autre soir vers 22 heures. Un quart d'heure à pied en plein centre : j'ai croisé trois personnes et vu autant de voitures. Il faisait bon, pas de pluie, de quoi justifier une présence humaine, celle qui sécurise, justement, mais non, le désert.
Vous pouvez éteindre la lumière en sortant, mettre des caméras partout, un planton devant les écrans et attendre.
Quoi ?
Qu'il se manifeste, le malfrat égaré sous la surveillance honteuse du big brother, errant dans les rues désertes à la recherche du passant sortant du cinéma ou du restaurant ?
Change de ville, mon garçon, ici, il n'y a personne à voler, les riches ne sortent pas le soir et les autres, ma foi, ils n'ont rien à te donner, ils sont comme toi, ils sont pauvres.
On entend tellement de choses. On lit tellement d'élucubrations que la peur, ce sentiment diffus qui s'insinue, vous tétanise, vous fait transpirer, l'angoisse de la vieille dame qui traverse sur le passage piétons en se demandant si l'auto qui arrive au loin va s'arrêter, cette même anxiété va l'enfermer chez elle, devant l'écran hypnotique peuplé de psychopathes basanés.
Je me demandais si ceux qui président aux destinées de la ville sortent le soir ou non.
J'ai lu que la ville avait perdu des habitants, encore. De 45500 à 43500 entre deux recensements. J'ai vu deux vitrines vides supplémentaires, en plein centre, de celles que j'ai vu ouvrir, magasin neuf. En 18 mois, ouvertures et fermetures alternent. Cherchez le chaland, c'est le challenge.
Le jour pointe sous la bruine. Pas besoin de lumières artificielles, la lueur blafarde d'un soleil masqué suffira à nous éclairer. Je me posais la question, je me la pose souvent en croisant le personnel chargé de verbaliser les bandits qui ne paient pas leur stationnement, de ceux qui osent venir en ville en voiture.
Ca rapporte combien, le stationnement municipal, à la commune, une fois déduits les frais divers, personnel, traitement et matériel ?
Les autres parkings sont sous-traités à des sociétés privées qui ont imposé leurs tarifs à la ville.
Je ne suis pas concerné, je vais à pied. Une simple curiosité de ma part me titille et une suggestion iconoclaste : Le stationnement gratuit serait-il de nature à faire revenir les clients ?
Vous n'y pensez pas ? La voiture en centre-ville, mais monsieur, c'était dans le monde d'avant comme disait une ex-amie. La vie en centre-ville, c'était aussi dans le monde d'avant, sauf les jours de manifestation.
Les développements à ce stade sont multiples : Histoire, prospective et modèles.
Vous avez quatre heures.
Bonne journée
Bises
Images diverses