Ces liens qui nous enchaînent de KENT HARUFF aux Ed Robert Laffont
Avis paru dans BABELIO
J'avais lu "Nos âmes la nuit", très sensible à la relation pudique et retenue de deux personnes âgées. Ici, l'histoire racontée par un témoin indirect, présent ensuite, traîne un peu en longueur. Les chemins de traverse rallongent quelque peu le fil de l'histoire principale. La grande et terrible tragédie de la conquête de l'Ouest traîne ses dernières victimes vers un cul de sac d'illusions et de drames écrits d'avance. Nous avons la naissance et une fin annoncée. Le souci du livre est dans le parti pris du destin que l'on voit dès le début, le décryptage minutieux du pourquoi est d'une précision implacable. L'accumulation des problèmes est un catalogue de ce que la vie peut réserver de pire. Edith ne sera pas heureuse, elle frôle le bonheur sans jamais y goûter vraiment. L'empathie que l'on éprouve est réelle. Chaque chapitre nous montre une femme qui a tout pour elle, une volonté de vivre, des qualités d'abnégation hors-normes qui mériteraient une reconnaissance, des moments de repos, mais non, une catastrophe lui tombe dessus. Rien ne lui est épargné et l'on se pose la question: quelle sera la prochaine épreuve ?
La résilience prend ici des proportions démesurées. Le narrateur n'est qu'un homme. La part faite aux femmes dans ce texte est un hommage. Les personnages féminins dominent face à des hommes, rustres ou brutaux, naïfs et primaires.
A lire pour ces belles personnes, admirables dans leurs défauts comme dans leurs qualités. La vie n'est pas facile dans le Colorado.
Merci