Washington, l'histoire américaine / Il est 09h52 le 3 Juillet 2022
Je ne suis pas très satisfait des photos censées illustrer les deux musées dont il est question, à savoir celui de l'histoire américaine et celui de l'histoire des Afro-américains, dernier-né des musées de la Smithsonian Institute.
L'histoire américaine est retracée par thème dans une série de galeries qui montrent l'évolution (rapide) de la colonisation du continent, le transport n'étant pas le moindre des atouts à mettre en valeur. Je précise que l'American way of life est ici glorifié et, au passage, les images prises ont été prises également en 1996 lorsque je suis venu ici pour la première fois. Rien n'a été modifié dans la muséographie, qui a bien évolué depuis, nous l'avons constaté dans le traitement de l'histoire des Noirs américains et dans celle des Indiens, qu'un autre établissement traite avec une approche double, et non du seul point de vue des vainqueurs. Beaucoup d'informations sont disponibles sur cette histoire qui a modelé tout un continent et au delà, de par l'influence économique, sociétale et culturelle sur le reste du monde.
National Museum of African American history and culture, tel est l'intitulé du musée ouvert en 2016.
Trois parties distinctes :
L'histoire de l'esclavage, élargie à l'Amérique toute entière, les chiffres depuis le 15ème siècle, tous les pays concernés, y compris le nôtre, des documents très rares, sans concession d'aucune sorte. J'ai visité cette partie le samedi avant la fermeture, retour le lendemain pour la suite. L'Europe n'en sort pas grandie. La présentation n'est pas "à charge", elle est un déroulé historique, motivations économiques en tête, justifications spirituelles et civilisationnelles. J'en suis sorti un peu assommé par l'échelle, monstrueuse, de ce commerce, en dehors de toute considération morale ou éthique.
La deuxième partie démarre après la guerre de sécession, abolissant l'esclavage (officiellement), et établissant par défaut ce que l'on appelle la Ségrégation par les lois dites "Jim Crow" en 1876 dans les états du Sud et, par capillarité dans les comportements de certains états du Nord. La cour Suprême émis une jurisprudence en 1896, justifiant une procédure en Louisiane sur l'expulsion d'un Noir, au huitième de sang, d'un wagon réservé aux blancs, la même Cour suprême qui aujourd'hui remet en question le droit à l'avortement, laissant chaque état décider de la marche à suivre, parenthèse à mettre en perspective sur le pouvoir de nuisance d'une telle institution. La deuxième partie s'arrête en 1964 avec l'instauration des lois civiques, les soubresauts de son application, notamment dans le Sud ségrégationniste.
Le troisième niveau traite de la situation depuis un demi-siècle, la difficulté de la mise en œuvre d'une politique juste et impartiale, des disparités à tous les niveaux existant dans la société américaine, logement, éducation, criminalité avec les derniers développements du Black live matters, non traité dans le musée mais auxquels tout le monde pense en sortant du bâtiment. La dignité et l'objectivité qui irriguent la construction et l'élaboration d'un musée comme celui-ci forcent le respect. Si vous passez par Washington, il y a au moins deux musées à voir, celui-ci et le National Indian American Museum.
On ne saurait ignorer les péchés originels de la création des Etats-Unis, ils sont ici présentés par leurs acteurs premiers. Tout jugement de valeur venant d'ailleurs serait pour le moins mal venu.
Demain, le National Museum of American Indian, et je terminerai après-demain par la National Gallery of Arts.
Bonne journée
Bises