Cuba...Libre
Obama et Raul Castro se serrent la main au sommet des pays d'Amérique. L'ogre et le petit poucet ont le sens des symboles, auront-ils celui des réalités ? La mémoire est sélective et dans l'histoire mouvementée des relations entre les deux pays, que retient-on ? Comme toujours, les USA font la leçon et tirent la couverture à eux, encouragés par les nombreux exilés cubains de Floride. Le régime cubain se drape dans son exemplarité, unique par bien des aspects. Qui a tort, qui a raison, et ces deux-là ont-ils tiré les leçons de l'histoire ? Pas sûr et le pire est à craindre. La révolution de 1959 mit à bas un régime pourri jusqu'à l'os, tout le monde fait semblant de ne pas le savoir, les Etats-unis dans leur rôle de puritains, et les cubains aux prises avec un quotidien difficile. Les enfants de la révolution ont vieilli et, l'âge aidant, se sont sclérosés, rejetant leur échec sur l'embargo américain, oubliant au passage la rigidité d'un système calqué sur le modèle de l'ex-Union soviétique, inapplicable sous les tropiques. Quelques ouvertures à l'initiative privée montrent la tentation d'un retour à la case départ. L'ogre est aux aguets, prédateur aux mille facettes, miroir aux alouettes agité sous le nez d'un peuple privé de tout. La proximité géographique rend la tentation trop grande. Satisfaire son peuple sans renier un idéal du passé, tel est le dilemme des dirigeants de l'île mais déjà, le bateleur a envoyé ses représentants, figures emblématiques d'un système basé sur le spectacle: The show must go on. Le glamour sous les tropiques, des mannequins et des stars de cinéma affluent, il fait si bon vivre dans ce coin de paradis, s'il n'y avait ces peine-à-jouir de moralistes révolutionnaires d'un autre temps. Ce glorieux passé "d'avant" recevait en grandes pompes les mafieux de tous poils, affairistes et trafiquants divers, barbouzes et CIA mêlé aux intérêts convergents. Aujourd'hui, s'il y a encore des stars, la pègre se fait plus discrète, elle lave plus blanc. Les multinationales piaffent d'impatience, une parenthèse de 55 ans, c'est long.
Quand le premier Starbuck ouvrira sur le Malecon et le premier Mcdo dans le vieux quartier de La Havane, la messe sera dite. L'ouverture d'une ligne de ferry est programmée entre Miami et La Havane. L'histoire balbutie, au peuple cubain de ne pas oublier...