La disparition de Josef Mengele / Olivier Guez / Ed Grasset
Avis paru sur BABELIO
J'apprends que cet homme est mort en 1979. J'ai respiré le même air que lui. Pour moi, il appartenait à l'Histoire, à la monstrueuse excroissance qu'était le nazisme, à son côté le plus obscur, aux senteurs putrides que seul l'espèce humaine peut secréter. La force de ce livre réside dans la précision des faits rapportés, dans l'hallucinante chaîne de personnages qui ont permis à Mengele de mourir impuni. De 1945 à 1979, il a vécu grâce à la cupidité, au fanatisme de certains, à la lâcheté et à l'opportunisme d'hommes et de femmes qui, s'ils ne savaient pas, soupçonnaient que le mal habitait cet individu.
C'est une enquête policière à laquelle nous assistons, au recueil d'indices semés au hasard des pérégrinations, jusqu'à cette entrevue entre le père et le fils, incompréhension totale mais comment peut-il en être autrement ?
Je suis le fils d'un monstre, qu'y puis-je ? Ce médecin maudit n'est qu'un rouage, comme il le dit lui-même, facile pirouette qui ne dédouane personne de ce qui se passe aujourd'hui. Les monstres ne sont pas tous morts, l'actualité nous livre régulièrement la litanie de leurs exactions. Ils ne sont pas encore mythifiés, comme ont pu l'être les sbires du 3ème Reich, mais le mal fascine toujours les esprits faibles, outils au service d'hommes et de femmes assez proches de ceux que nous avons vu et entendu dans ce livre.
Au Cambodge, peinture illustrant la marche vers la mort d'opposants aux khmers rouges.