Manifesto de Leonor de Recondo aux Ed Sabine Wespieser
Avis paru sur Babelio
Difficile d'écrire sur la mort de son père. C'est une thérapie, je n'aime pas ce mot, mais est-ce une oeuvre ? La littérature sort-elle grandie de la transcription des derniers instants d'un être cher ? Je ne suis pas certain du résultat.
Si vous êtes passé par l'hôpital en tant que visiteur, vous connaissez l'insupportable attente des nouvelles, suspendu aux lèvres du personnel médical, l'impression d'être de trop, en bonne santé, inutile, cherchant une compassion ou une vague empathie, depuis longtemps disparue de ces lieux. Alors, décrire ces moments aurait été un peu "sec", quoi de mieux que d'inventer un dialogue imaginaire post-mortem entre ce père adoré et un grand écrivain vénéré, tous les deux personnages haut en couleurs, l'Espagne comme ancrage artistique commun, prétexte à diverses digressions sur la vie, l'amour, la mort et les enfants. L'écriture est précise et glisse sur les évènements de la vie. On ne sait pas toujours qui parle, vivant ou mort, présent, passé ou à venir et le fait est que la frontière, ténue à cet instant, entre la vie et la mort autorise des libertés avec la temporalité.
Une autre critique de ce livre a parlé d'artifice, c'est possible mais j'aimerais, si je dois partir ainsi, que ma fille me fasse dialoguer avec un grand écrivain, ce ne serait pas Hemingway mais, qu'il m'excuse car il est vivant, échanger avec Paul Auster me plairait assez, avec l'éternité devant nous.
Livre-hommage à traiter avec respect.