Allo, la France ? Ici la Suisse...

Promenade helvétique aujourd'hui, à Genève pour être précis, dans le cadre enchanteur de Palexpo, le salon du livre battait son plein en ce dimanche orageux. Entrer en Suisse demande des moyens, même pour faire quelques kilomètres. En effet, 40 francs suisses sont nécessaire pour emprunter les autoroutes et notre salon se trouvait sur l'une d'entre elles. Nous avons contourner le problème en traversant la bonne ville de Genève, près du lac, travaux et embouteillages en sus, péage en moins mais nous arrivâmes à bon port. Un salon du livre est un lieu où l'on vend des livres, sans passer par les libraires, où les éditeurs sont en contact direct avec leurs clients, les auteurs avec leurs lecteurs, quand il y en a, dans le cas contraire, ils attendent, jettent un oeil assassin à leur compagnon de dédicace qui, lui, enchaîne les paraphes, suant à grosses gouttes sous les compliments énamourés de groupies en jupon, pratiquant le selfie comme personne. Le voisin se trouverait plutôt dans l'introspection, cherchant fébrilement le sujet qui pourrait déchaîner les passions de femelles manifestement hors sujet. Raté pour cette fois, c'est la dure loi du talent et du marketing réunis. Quelques débats radiodiffusés suscitent plus ou moins l'intérêt d'une foule disparate, nous sommes un dimanche, sortie familiale, sujets consensuels à l'antenne, auteurs adoubés par la foule et nous sommes en Suisse, pas de vague, merci, s'il vous plaît, vous vous asseyez, nous allons commencer, tout d'abord, Mr H...., professeur Honoris causa de l'Université de..., Mme L..., romancière vont débattre d'un sujet qui nous interpelle tous, je veux parler de L'antisémitisme et son renouveau, Bla-bla-bla... Murmure dans l'assistance, approbateur, me semble-t-il, le thème est d'importance.Quelques travées plus loin, F.B évoque avec passion et détachement ce qui l'intéresse le plus : lui-même, il y a foule, l'ex-publicitaire sait y faire, sa faconde et son sens des formules font mouche, les salves d'applaudissements se succèdent, bon prince, il laisse passer les vivats.Mais la nourriture de l'esprit ne peut maintenir un corps en état de marche, il faut l'alimenter sous peine d'évanouissement, romanesque certes mais fort gênant pour l'organisateur suisse de la manifestation. Le self-service nous tend ses plateaux-repas, victuailles simples et abondantes nous comblent d'aise à un tarif...local.

Quelques emplettes, quelques conversations plus tard, assommés par le brouhaha, nous quittons l'enceinte surchauffée, prendre l'air et rentrer semblent être la solution pour mettre fin à ce léger mal de tête qui s'installe.

Fin de séjour suisse.