Cambodge 2
Il ne faut jamais croire les brochures d'agences de tourisme. Aujourd'hui, chacun peut vérifier sur le net l'exactitude des informations et encore, c'est sujet à caution, les tromperies sont monnaie courante. Une fois sur place, vous vous adaptez...ou pas. Dans notre périple cambodgien, il était prévu une liaison fluviale entre Siem Reap (Angkor) et Battambang, cinq heures de bateau avec arrêt buffet dans un village flottant, sans souci. Au petit matin (voir photo), lâchés dans la nature, nous trouvons l'embarcadère et découvrons notre moyen de transport de la journée. La compagnie propriétaire du bateau s'appelle "Angkor Express". Vu l'état de la barcasse, nous craignions le pire. Celui-ci n'est jamais sûr, il s'en approche. Prévu pour trente personnes maxi, nous étions le double (j'ai vérifié), sans compter les bagages. Après moult essais, le moteur consent à démarrer dans un vacarme assourdissant, moteur de camion à ciel ouvert avec odeur persistante de gas-oil, le tout dans une chaleur étouffante. Au début, sur le lac Tonlé Sap, il y avait une brise rafraichissante rendant la balade presque agréable. Quand nous prîmes la direction de la rivière, la végétation des mangroves devint envahissante, nous éraflant au passage. La suite nous plongea dans la perplexité et une vague inquiétude apparut. A perte de vue, à l'avant du bateau, les jacinthes d'eau s'étendaient telle une prairie verdoyante. L'hélice se prit dans les plantes, provoquant plusieurs arrêts au milieu de nulle part. Le "capitaine" vociférait des ordres à des matelots terrorisés qui plongèrent afin de dégager l'engin de l'emprise végétale. Il faisait chaud, l'embarcation tanguait dangereusement et nous étions sur l'eau depuis plus de quatre heures. L'arrêt buffet se profilait sous la forme d'un village flottant, débarcadère improbable donnant sur une épicerie-bar-restaurant à la configuration chaotique aux toilettes aérées, garde-manger des poissons de la rivière:" rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme". Nous avions fait le plein de fruits et d'eau avant le départ, sage précaution. Nous sommes repartis une heure plus tard.
Après deux heures de navigation dans les méandres de la rivière, croisant des pirogues que nous découvrions, surgissant à toute allure au détour d'une courbe, secoués par la vague, nous arrivâmes à Battambang où la guide nous attendait, tout sourire. Nous, défaits par huit heures de séjour aquatique, mirent quelques minutes avant de retrouver notre équilibre sur la terre ferme. Des enfants se baignaient à côté dans une eau trouble, insouciants. Je me disais en les regardant que j'avais encore beaucoup de choses à apprendre.