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Cambodge

Publié par gilles cochet

Cambodge
Cambodge

Il est difficile d'évoquer des souvenirs de voyage dans un pays qui a tant souffert sans que cela ne paraisse dérisoire ou futile. Ceci est une tragédie, une dérive idéologique qui fait aujourd'hui partie de l'histoire. Quand nous débarquons à Pnom-Penh ce soir-là, sans nos valises, restées à Ho-Chi-Minh ville, ce que nous voyons est très loin de l'image d'un pays martyr. Comme partout en Asie, la multitude vous saute au visage, la circulation anarchique vous emporte vers votre hôtel et après 13 heures de vol, l'estomac se rebelle et réclame sa pitance. Il fait nuit et nous sommes attirés vers une place éclairée par des lampions, lumière vacillante éclairant laborieusement de multiples stands de nourriture. Des nattes sont disposées à même le sol, accueillant une population bavarde et détendue.Nous avons choisi des beignets de crevettes accompagnés de riz, au hasard, ne sachant trop quoi choisir. Ce fut notre premier contact avec le sol khmer. C'est un pays pauvre, malgré les aides permanentes de la communauté internationale, aides disproportionnées par rapport à la taille du pays, aides qui créent une économie, non pas parallèle, mais qui se substitue à l'économie réelle, alimentant une corruption généralisée qui se voit de suite. Les véhicules tout-terrain flambant neuf aux vitres teintées se pavanent au milieu des deux-roues et autres rickshaws. Peu de personnes âgées, inutile de préciser pourquoi, le génocide des années 70 se voit, en creux.

Je rêvais, enfant, de voir Angkor. La première destination touristique du sud-est asiatique est une évidence, une merveille architecturale, hélas en péril. C'est une lutte permanente contre la nature envahissante, celle-là même qui protégea pendant des siècles le témoignage d'une civilisation disparue. Aujourd'hui, le tourisme de masse, manne financière, est mal contrôlé et les groupes chinois, vietnamiens ou coréens s'agglutinent autour des statues géantes du Bayon, écho d'un autre temps. La taille du site permet de s'isoler et quand vous êtes bien accompagné, permet d'apprécier la magie des lieux en toute quiétude. Notre guide était un monsieur d'un âge certain à l'énergie débordante. Son histoire personnelle nous a rendu modestes: Il fut dans les années soixante ouvrier sur les chantiers de restauration financés par la Compagnie française d'Extrême-Orient, apprit le français et l'histoire de la civilisation khmère. L'irruption des khmers rouges l'envoya dans les rizières avec toute sa famille. Il y perdit sa première femme, morte d'épuisement mais, nous dit-il fièrement, réussit à garder ses trois enfants vivants. Il se remaria ensuite, eût d'autres enfants, qu'il nous présenta. Tous vivent sur le site de petits boulots liés à l'activité touristique. Il nous conta son histoire calmement, sans forfanterie. Nous avions sous les yeux un homme qui avait souffert au delà de l'imaginable, droit et fier d'avoir sauvé ses enfants de la mort. Il nous faisait partager ses connaissances et de multiples anecdotes sur la restauration des nombreux temples de la cité khmère, une mémoire intacte plus de quarante ans après. Angkor est lié aujourd'hui pour moi à ce petit homme. Merci monsieur pour cette formidable leçon.

D'autres anecdotes émaillent ce voyage, j'y reviendrais dans une prochaine chronique. Les photos illustrant ce texte relèvent de l'imagerie de cartes postales.

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