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03 Oct

Vivre en centre Bretagne

Publié par gilles cochet  - Catégories :  #HUMEURS

Vivre en centre Bretagne

Il y eût le mouvement des gilets jaunes qui révéla l'existence d'une France méconnue, celle des campagnes perdues, celles que l'on traverse sans s'arrêter via les autoroutes qui sillonnent le pays, là où les attractions et sites touristiques font défaut, villages de cartes postales défraîchies, aux vitrines aveugles, bourgs bardés de signalétiques routières, protections improbables pour d'improbables piétons, déserts sociaux, culturels et pourtant...

Ici, vivent des gens, comme vous et moi.

En l'occurrence, moi, j'y revis depuis peu. Le quotidien est ici plus simple et plus...compliqué qu'ailleurs. L'isolement est réel, non la sensation qu'il procure, mais sa transcription physique. Vous êtes isolé en cela qu'il vous faut bouger, vous véhiculer pour accéder à la satisfaction de vos besoins les plus élémentaires, se nourrir, se soigner, envoyer vos enfants à l'école, se distraire, si vous aimer le cinéma, le théâtre, assister à un concert, tout devient compliqué et nécessite un déplacement motorisé. Internet ne résout pas tous vos problèmes, il peut en créer via la fameuse "fracture numérique", ne cherchez plus, c'est ici. Les personnes qui ont le plus besoin de l'outil Internet sont souvent celles qui ont le plus de difficultés devant un écran d'ordinateur.

Voiture obligatoire, bonne santé nécessaire, vie intérieure riche et féconde, démarche de retour à la nature ou ...à ses racines familiales, un travail si possible, peu rémunéré, les gens aisés ne vivent pas ici, ne cherchez pas, les emplois qualifiés sont ailleurs.

Un avantage toutefois, le logement y est bon marché, à l'achat comme à la location d'où une nouvelle population, d'origine citadine, trouvant ici un toit pour pas cher, chassée de la grande ville par un marché immobilier en plein délire spéculatif. Une commune française rurale représente en population l'équivalent d'une rue de centre ville, densités et ressentis font toute la différence. Les paradoxes sont nombreux et engendrent de nombreux malentendus si l'on n'a pas vécu dans ces environnements.

Une vie de quartier engendre une entr'aide de tous les instants, de par la proximité géographique, elle peut être vécue comme une promiscuité insupportable par d'autres.

Une vie de village d'aujourd'hui est un havre de paix pour les ermites en herbe, les décroissants de toutes obédiences ou ...un cauchemar pour les autres. L'équilibre est d'autant plus difficile à trouver que les décideurs accentuent la pression sur ces endroits paupérisés, services publics en berne ou absents, commerces baissant le rideau faute de clients, spirale alimentant le ballet des économies d'échelle sous la baguette d'algorithmes masqués.

Je divague un peu, à peine, nul besoin de lire une fiction dystopique.

Il nous reste l'humain, sa capacité à s'adapter, à accepter l'inacceptable, à courber l'échine et à se taire, gilets jaunes ou pas, épiphénomène récupéré et intégré dans une politique de saupoudrage médiatique propre à calmer les foules isolées de nos campagnes désertées.

Il nous reste l'humain, l'autre , celui qui redresse la tête, regarde autour de lui et voit des raisons d'espérer. Le fatalisme se nourrit des lieux communs, il faut renverser les tables, se retrousser les manches et non demander à l'Etat bienveillant ( c'est fini) l'argent nécessaire.

Mobiliser les bonnes volontés dans nos campagnes passe par un dialogue entre natifs et migrants de l'intérieur, entre jeunes et vieux, hommes, femmes. Je ne suis pas certain du résultat mais si rien n'est fait, nous serons bientôt les derniers des Mohicans.

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