La maison où je suis mort autrefois de Keigo HIGASHINO aux Ed Actes Sud

Avis paru dans BABELIO

Après lecture, je me dis que le titre du roman doit se conjuguer au féminin, à soumettre aux autres lectrices et lecteurs de celui-ci. Beaucoup de délicatesse et de pudeur habitent cet ouvrage à la teneur très sensible, thème délicat s'il en est, de l'enfance, d'une enfance mal engagée, aux conséquences psychiques sur la vie entière, difficultés d'être, relationnel compliqué et transfert problématique sur la génération suivante. L'enquête qui est menée ici, n'engage que ceux qui la mènent, juges et parties, le résultat n'aura aucune conséquence juridique sur le destin de qui que ce soit sauf que notre histoire est à tiroirs, la résolution, très partielle, du problème initial, ce pour quoi nous sommes là, posera plus de questions qu'elle n'apportera de réponses, aggravant un déséquilibre psychologique patent, dont la résorption ne pourra se faire qu'en affrontant une vérité quasi insurmontable. L'identité ainsi remise en question ne peut qu'être fragilisée, dans un premier temps, avant de révéler au grand jour la vraie personnalité d'une femme, occultée par un mensonge existentiel.
L'intérêt du livre réside dans l'avancée à petits pas, un polar feutré, aux deux acteurs pétris de respect mutuel, les touches impressionnistes nous laissent deviner des sentiments passés prêts à ressurgir, moteur de ce suspense étrange, quête dont on ne décèle l'exacte raison que fort tard dans la narration. L'accompagnant n'en est que plus digne, en retrait au besoin, plus hardi quand cela est nécessaire.
Nous sommes tenus en haleine, autant par compassion que par curiosité, souhaitant une fin honorable, pour ne pas dire heureuse.
A lire

Image : Norvège 2018