Comme un empire dans un empire d'ALICE ZENITER aux Ed. Flammarion

Avis paru dans BABELIO

Les arcanes du pouvoir sont vus ici par ceux de l'intérieur, les petites mains, les obscurs qui écrivent les mémos dont le personnel politique nous abreuve à longueur de plateaux télés. L'intérêt, entre autres, est la proximité chronologique de ce livre, l'intérêt et la limite. Le décalage de deux années se fait sentir car nous avons d'autres préoccupations aujourd'hui, toutefois, les dépêches de presse sont encore fraîches, donnant l'impression d'écouter une revue de presse en écho, une distanciation, mot très usité, pouvant mettre en perspective toutes les prises de décision, les aléas et les compromis nécessaires, les calculs aussi inhérents à la science politique.
Deux univers, voire plus, se rencontrent, se cherchent aussi, étrangers l'un à l'autre. L'incompréhension entre des codes de langage se résout peu à peu, la peur est un terrain propice à l'accélération des évènements.
Les engagements que l'on voir développés ici sont louables et sincères, de la part d'individus en proie à des interrogations, à un âge où l'on doit s'interroger, où l'on croit avoir des réponses, certes incomplètes, apporter sa pierre à l'édifice, non du progrès, mais à l'évolution d'une conscience collective vers plus de justice et d'équité. On peut trouver le propos naïf, un poil manichéen mais la photographie en temps réel a le ton juste d'une autrice qui observe, analyse et synthétise sans pathos les actes de ses contemporains, même tranche d'âge, socialement proches. La vie sociale d'un temps ordinaire semble très lointaine et je me suis amusé à replacer la trame de ce récit en 2020, impossibilité terrifiante qui nous plonge dans l'abime de ce qui nous manque aujourd'hui.
Il serait intéressant de lire, dans deux, trois ans, une fiction sur la période actuelle, 2020, 2021, années blanches, en apesanteur.
Virtualité reine du bal.
A lire, souvenirs d'un temps pas si lointain.

Image : Corse / 2016