Goncourt 2017 : L'ordre du jour / Eric VUILLARD / Ed Actes sud
Avis paru dans BABELIO
Un Goncourt chasse l'autre, accessible et d'actualité, synonyme de bonnes ventes. Celui-ci est accessible par sa longueur et par son style, suite d'articles, de photographies sur des évènements passés, explications des malheurs du monde, appuyant là où ça fait mal, sur les petitesses de l'être humain, aux conséquences incalculables. La séquence d'ouverture est un négatif de l'actualité : la puissance économique au service d'un appareil politique, l'opposé de ce que nous vivons aujourd'hui où la servitude du politique a dépassé depuis longtemps les limites de la décence. Eric Vuillard est une petite souris assistant à l'avilissement d'hommes politiques, de capitaines d'industrie face à la brutalité, la veulerie d'un Goering, Hitler ou Ribbentrop et le rire du premier au procès de Nuremberg est le point final d'une manipulation effroyable. L'aveuglement et la cupidité accompagnent les acteurs de cette suite de sketches. En filigrane, imaginer ces gens d'un autre temps plongés dans le grand bain médiatique actuel avec Goebbels aux commandes, fait froid dans le dos. Le secret était le maître mot, l'étalage actuel en est un autre, rideau de fumée masquant les véritables enjeux. Les deux méthodes nous laissent un goût amer, pantins désarticulés que nous sommes, assistant impuissants à l'écriture par d'autres de notre propre destin.
Petit livre efficace dont on trouvera les prolongements historiques plus conséquents dans d'autres ouvrages, pour les plus courageux.
Giacometti illustre le propos