Jour 37 de la Grande révolution à Laurenan, il est 7h47, nous sommes le 22 Avril 2020

Le gros mot de notre époque : révolution.

Je le dis assez simplement, mot porteur d'espoirs...déçus. Les esprits amnésiques oublient que la plupart des acquis dans lesquels ils vivent aujourd'hui l'ont été de manière assez brutale. En écrivant cela, je me demande à qui profitent ces acquis. A toutes et à tous, la construction sociale de notre pays s'est faite par à coups, contre la volonté des possédants, dans une optique de partage. C'est oublié. L'abolition des privilèges de la noblesse a laissé la place à la construction de nouveaux domaines, territoires de la bourgeoisie, d'abord statut social et comportemental, ensuite accumulation de richesses, légitimation de celles-ci par l'adoubement d'une classe politique, mélange des genres, conflits d'intérêts multiples que seules des luttes incessantes pourront remettre en question le bien fondé. Il y a bien eu, mesdames et messieurs, une lutte des classes sociales, les riches prenant l'argent aux pauvres, démontrer que ce n'était pas dans l'ordre naturel, qu'une meilleure répartition s'imposait, il fallut l'imposer et aujourd'hui, force est de constater que les réflexions lues ou entendues demanderaient un rappel mémoriel spectaculaire. Les pauvres d'aujourd'hui semblent plus enclins à taper sur la tête de plus pauvres qu'eux, sur la tête des élus, de tous bords, sur l'état, comme une leçon bien apprise, seriné sur tous les médias: il y a des profiteurs, des parasites, des fainéants, etc...j'en vois tous les jours.

Les fortunes des riches sont invisibles et elles font partie du paysage quand on les voit. Que faire contre ces gens ? Ils sont intouchables, ils optimisent, paient peu d'impôts, comme Amazon, chez qui j'achète, c'est tellement pratique, chez Leclerc, c'est tellement pas cher, chez H /M, c'est donné.

Les gilets jaunes, mouvement social récent, abandonnés, précarisation institutionnalisée, tapaient sur tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un représentant de l'état, et sur les profiteurs, RSA, bénéficiaires d'allocations diverses, fonctionnaires, et les migrants, étrangers qui viennent nous prendre notre travail, mais sur les grosses fortunes, curieusement, pas trop. Trop loin, un autre monde.

Je vais me faire des copains, pas grave, mais j'ai entendu ce discours, de personnes que je connais, souvent, en tête à tête, la parole se libère. Expliquer ensuite que le problème n'est pas là, que le type qui touche le RSA n'est pas à envier et si tu leur demandes : tu en fais quoi ? Tu lui coupes les vivres ? Tu le tues ? Le gars touche 1000 euros, il reproche à celui qui en touche 500 de rester à la maison, d'avoir abandonner. Il ne lui tend pas la main, il lui appuie sur la tête.

La révolution est une idée neuve en Europe, disait Saint-Just en 1792. Elle a aujourd'hui manger ses enfants, illusions perdues et voie dégagée pour les autres.

Bises virtuelles

Image : Cuba 2011