Ce vendredi, c'est encore poisson...

Nous, ce serait plutôt le samedi midi, chacun ses habitudes. Aujourd'hui, ce sont les vacances d'hiver. Demain, la voiture ne bougera pas, inutile d'essayer de sortir de la ville, la thrombose guette la vallée, des hordes de skieurs en devenir partent à l'assaut des cimes enneigées. Je les regarde de loin, cela me suffit, bientôt elles ne seront qu'un souvenir de plus dans mes pérégrinations franco-françaises.

Les Jeux Olympiques asiatiques se sont ouverts aujourd'hui. Le dictateur nord-coréen a envoyé sa soeur comme ambassadrice de paix avec le très honorable président de l'Assemblée nationale (sic), vieux monsieur de 92 printemps. Que répondre à une telle invite ? Les américains ont envoyé le vice-président et le père d'un étudiant mort en Corée du nord, pour détendre l'atmosphère je suppose. C'est censé être une manifestation pacifique, mais un peu de pathos larmoyant, histoire de montrer que nous n'oublions pas.

Ici, c'était il y a cinquante ans, on ne le sait que trop, les commémorations se multiplient, les expos diverses, j'ai vu un magasin éphémère vendant des affiches et supports divers très vintage. Personne ne peut oublier les J.O de 68, la ville de Grenoble est née cette année-là, architecture, urbanisme, nous subissons cet environnement tous les jours, la modernité des années 60 dans toute sa splendeur, à l'échelle d'une ville. La croissance démographique a amplifié le phénomène, donnant à la cité un amoncellement d'immeubles aux styles disparates, plus destinés à occuper le terrain qu'à créer une cité harmonieuse. Je n'ose imaginer la satisfaction des promoteurs immobiliers de l'époque mais je suis un esprit chagrin, je vois le mal partout. En bref, la ville est laide, à part quelques rues du centre historique, peu étendu. Les installations sportives sont restées ainsi que le village olympique, quartier aujourd'hui un peu compliqué. A noter que certaines épreuves ne pourraient se dérouler aujourd'hui dans les sites choisis il y a 50 ans, pour cause de réchauffement climatique, au cas où certains en doutent encore.

Grenoble, ville dynamique et techno, à la pointe du progrès technologique, dans un écrin naturel superbe mais qui reste scotchée à ce passé olympique, image d'un autre temps. Peu de remise en question dans le domaine de l'urbanisme, l'agglomération a pris possession des trois vallées, reproduisant les mêmes schémas de développement que les autres métropoles régionales avec un handicap de taille : l'espace manque cruellement, l'asphyxie guette, l'immobilier flambe et expulse de facto de plus en plus loin ceux qui travaillent ici, provoquant des embouteillages quasi permanents sur le demi-périphérique, l'autre moitié ayant été retoquée par une association de riverains.

Le modèle actuel de développement atteint des limites physiques évidentes aux conséquences réelles sur le bien-être de la population locale.