Varanasi 2016/ Libéralisme / Il est 07h29 le 21 Juillet 2022

Pour s'affranchir du gaz russe, il faut réduire sa consommation de 15%, d'énergie, où et comment ? A un conflit ponctuel (on l'espère) correspond une réponse qui ne l'est pas moins. Elle évite toute remise à plat des fondamentaux énergivores de notre univers. Elle oriente et occupe les médias. Poutine va voir les Iraniens dont il obtient le soutien, contre toute attente, surtout contre un Occident plus sûr de son bon droit que jamais. Honnis de tous les pays, unissez-vous ou comment créer un front commun hostile aux donneurs de leçons. Et personne pour dire à Israël d'arrêter de spolier les Palestiniens.

La Terre brûle et nous regardons ailleurs disait Chirac en son temps. Elle brûle toujours, les pompiers sont fatigués, certains écologistes incompétents seraient bien inspirés de se taire (l'écobuage, ils connaissent ?). La cacophonie ambiante donne la priorité à un débat sur le pouvoir d'achat. Ah bon ? Je me souviens ( j'ai l'âge de) d'une politique d'entreprise qui consistait à fabriquer des concours divers et variés, avec primes à l'appui, un budget global pour les plus méritants et à aborder les négociations salariales de fin d'année avec des propositions ineptes proche de zéro. C'est peu ou prou ce qui va se passer : d'un côté, primes diverses, de l'autre, demande d'augmentation de salaires ou de pensions. La première proposition évite aux entreprises et à l'Etat (gros employeur) de toucher aux dividendes et au déficit étatique (simple écriture comptable), et de l'autre, une évidence de faire profiter tout le monde du travail accompli. C'est une caricature d'affrontement de deux modèles économiques, UBER et ses primes institutionnalisées, de l'autre un réajustement du partage travail-capital, qui a une fâcheuse tendance à pencher du côté du second depuis quelques décennies. Ce débat peut paraître "technique", il n'en est pas moins très "idéologique" quant aux choix que cela implique. La doxa libérale n'a jamais été aussi bien appliquée et en devient quasi légitime aux yeux de ses victimes, qui préfèrent presque un petit chèque de cent euros ou une ristourne sur le prix du carburant, immédiatement perceptibles au quotidien. Les augmentations de salaires demandent d'ériger un rapport de forces salariés-patrons qui n'existent plus que dans les discours d'une gauche ostracisée par une presse aux ordres. L'impressionnant tir de barrage sur la gauche parlementaire fait des dégâts dans les esprits, plus ou moins consciemment. Installer un système de primes revient à donner une légitimité à ce qui existe déjà dans beaucoup d'entreprises, à mettre en concurrence les salariés entre eux, un système dit "d'émulation" assez pervers pour que chacun se sente valorisé à un moment ou à un autre de sa vie professionnelle, le quart d'heure de célébrité, l'employé du mois, etc...

Il se trouvera à l'Assemblée Nationale suffisamment de représentants du peuple pour voter l'instauration d'une rémunération variable, à points, comme le permis de conduire, au mérite. Ce n'est hélas pas technique, c'est très "idéologique", comme si l'on pouvait dissocier les deux. Une gestion quotidienne obéit forcément à un choix d'idées en amont, à une philosophie sociétale, la politique de santé en étant un exemple criant : le coût passe avant le service, le corps devient une marchandise, si ce n'est pas un choix de société, je me demande ce que c'est. Le privé laisse au public ce qui n'est pas rentable et optimise ses profits sur le dos de la collectivité (la Sécurité sociale).

L'on retrouve les mêmes choix dans l'éducation qui ont engendré un des systèmes les plus inégalitaires qui soient. La gestion au quotidien a là aussi obéit à des règles comptables, souci d'économie ou choix idéologique de favoriser le "privé", reproduction des élites entre elles laissant aux profs sous-payés le soin de réparer les dégâts. La droite classique et les sociaux-libéraux ont pérennisé et encouragé cette fracture. Le choix d'une gauche "véritable" me semble préférable à des errements existentiels d'un social-libéralisme en phase terminale. L'opposition parlementaire risque de paraître peu lisible dans un premier temps, elle aura le mérite d'exister et de proposer (je l'espère) d'autres modèles de développement en lieu et place d'arrangements comptables qui ont fait long feu. La route est longue mais l'idéologie n'est pas l'apanage des rêveurs de tous poils, dont je fais partie, elle structure le libéralisme dans sa version la plus sauvage et perverse qui soit.

Bonne journée

Bises

P.S / Désolé, c'est bavard ce matin.