Il n'y aura pas de sang versé de MARILYNE DESBIOLLES aux Ed Sabine Wespieser

Avis paru dans BABELIO

Un exercice de style original et bardé de bonnes intentions, tel pourrait être le commentaire un peu sarcastique que l'on pourrait énoncer. C'est mieux que le ton que j'y mets. Un exercice littéraire ne touche pas, il brille par sa virtuosité, il n'émeut pas. Je suis ému par le sort de ces ouvrières, nous sommes dans l'Histoire du peuple exploité, de la naissance d'une conscience collective, du sentiment d'appartenance à la même galère, à la même injustice. La chaîne du relais, métaphore osée, illustre la solidarité nécessaire pour aboutir à la satisfaction de revendications...ou non. Le simple énoncé des droits minimum est un premier pas, une victoire contre les hommes et contre les patrons, les petits chefs de tous acabits. Les ouvriers-hommes soutiennent avec paternalisme ces femmes, illettrées, à l'immense courage qu'il faut pour vaincre les moqueries, les tabous et les insultes. Chaque figure de femme est une histoire riche et marquée au fer rouge de souffrances, la résilience est là, mais pas toujours, la mort s'invite, la honte de l'enfantement, terrible déchirement soumis à la vindicte et à la damnation éternelle. L'homme est le vainqueur d'une lutte initiée par un quarteron de femmes, plus affranchies que les autres, le destin de chacune illustrant le fragile équilibre de vies ballotées, au bord du gouffre de l'injustice fondamentale d'être née FEMME.
L'humour apparaît de temps à autre, respiration bienvenue dans une peinture sociale fort rude.
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