Le bon grain / Il est 6h35 le 6 décembre 2023

Barbara - L'aigle noir (Official Lyric Video)

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Ma lecture du moment s'intitule "Comédie d'automne" de Jean Rouaud aux Ed. Grasset, paru cette année. Ne le cherchez pas dans la liste des best-sellers ni sur la table des libraires, il n'est ni tendance, ni oublié, il existe. L'intérêt réside dans une histoire simple, d'un type qui écrit, présente son manuscrit chez un éditeur de renom, est accepté et essaie de comprendre pourquoi tout ce tintamarre autour d'une fiction mettant en scène une partie de sa famille. Le monsieur est du genre discret, pudique et modeste, voire fataliste quant à son talent, qu'il juge à l'aune des plus grands, c'est à dire inexistant. Il y a des gens comme ça. Je sais, c'est bizarre, quand tant d'autres médiocres se poussent du col pour une parcelle de papier journal, content de voir leur face réjouie en page 15 d'une feuille de chou locale. Le monsieur sait de quoi il parle, il vend des journaux, plus exactement il vendait des journaux quand petit à petit, son premier opus a pris corps dans le microcosme journalistique, une traînée de poudre a atteint son kiosque qu'il ne quittait pas, envers et contre tout. J'en suis à la croisée des chemins, quand l'évidence de la notoriété devient un frein à la bonne marche du commerce des nouvelles. Il passe à la télévision, chez Bernard Rapp, dans une émission intitulée "Caractères" puis "L'assiette anglaise". Pour les plus anciens, elle prenait la lourde succession de l'émission de Bernard Pivot "Apostrophes". L'élégance naturelle de l'ancien présentateur du journal de 20 heures et son respect des auteurs firent de Jean Rouaud le premier invité du nouveau rendez-vous, rencontre de deux personnes remarquables.

" Alors, qu'est ce que cette légende du marchand de journaux ? " interrogea l'animateur. L'écrivain ne put que confirmer l'existence de ce métier qu'il exerçait dans le 20ème arrondissement.

Ce livre nous décrit un conte de fées moderne ou comment un auteur inconnu obtint le prix Goncourt dont il devint une des meilleures ventes, derrière M.Duras mais loin devant beaucoup d'autres. Un premier roman décroche la timbale.

Le livre, paru en 1990 s'appelle "Les champs d'honneur" et fut publié aux Ed. de Minuit, lu à l'époque.

Je reparlerai de l'ouvrage " Comédie d'automne" dans Babelio quand je l'aurai terminé.

L'actualité met en lumière la fin du "collège uniforme", tronc commun vanté en son temps dans lequel je baignai tout au long de ma scolarité ainsi que celles de mes enfants. La fameuse orientation, serpent de mer de l'école dans sa volonté d'être efficace dans l'adéquation avec une économie de marché va trouver sa martingale dans une sélection précoce des bons, des moyens et des mauvais élèves afin d'éviter que les premiers ne perdent leur temps en attendant les derniers et que ceux-ci ne viennent polluer la bonne volonté des seconds. Mr Attal, qui fit sa scolarité dans une école d'élite privée, sait de quoi il parle ou plutôt non, il ne peut pas. Dans son école, il n'y avait que des très bons, le top du top. La société n'a que faire de ceux qui, de toutes façons, finiront livreur chez Uber, manutentionnaire à Carrefour ou conseillère de vente sur les plateformes téléphoniques, leur route est toute tracée.

" Il faut séparer le bon grain de l'ivraie", Evangile selon Saint-Matthieu. Gabriel ( le bien nommé) Attal connaît ses évangiles à n'en pas douter.

J'ai toujours penser qu'une société se devait de chercher à rapprocher les hommes, de favoriser l'échange, et de combler les différences entre les êtres, non d'accentuer les inégalités de naissance. Instaurer un système d'excellence rentre dans cette logique productiviste, l'intègre dès la naissance mais suis-je bête ?

C'est déjà le cas, il faut juste l'institutionnaliser, le rendre légitime aux yeux de toutes et de tous.

Allez, au boulot !

Bonne journée

Bises

P.S / Jean Rouaud, s'il rêvait de devenir écrivain, ne se sentait pas légitime dans ce milieu.

Images de vacances, du sud-est ou sud-ouest.

La chanson est à mettre en miroir du livre dont j'ai vanté les mérites avant-hier.