Pensez à eux, un petit peu...

Quand on prétend, comme moi, s'intéresser à la chose publique, s'extraire des suites des évènements récents devient une nécessité. L'émotion suscitée, la manipulation plus où moins volontaire qui en est faite brouille le jugement. Suis-je un monstre froid qui se contente d'analyser moi,les causes, de dénoncer les excès d'un Etat tenter de redorer son blason par trop de compassion affichée ? La simple formulation de la question est en soi une réponse. La vie publique ne s'est pas arrêtée le 13 Novembre. Quand je regarde autour de moi, je vois les mêmes préoccupations du quotidien qui n'ont jamais cessé, les chiffres du chômage l'attestent, les fêtes approchent et la consommation, moteur affichée de l'économie, se doit de repartir. Je constate l'étonnement, le repli sur soi, le regard ou le doigt accusateur vers l'autre, celui qui vient d'ailleurs, seul est accepté celui ou celle qui s'est intégré, qui a digéré nos valeurs, sacro-saintes et soi-disant universelles. Tant que les "intégrés" vivent comme nous, tout va pour le mieux, quel chance de vivre dans la patrie des droits de l'homme. L'universel s'arrête hélas à notre porte, la compassion et l'intérêt portés à la souffrance des autres ne dépasse pas les frontières. Nous sommes fiers de voir les couleurs françaises illuminer les monuments de tous les pays, nous sommes le centre du monde, mais jetons nous un seul regard sur la souffrance par delà la suffisance d'une culture dite phare de la civilisation ?

Quand l'émotion sera retombée, il faudra continuer à vivre, comme avant le Bataclan, comme après Charlie, comme après le 11 septembre mais pour beaucoup, il n'y a ni un avant, ni un après, il y a la permanence, beaucoup de Bataclan, de Charlie et de 11 septembre, tout le temps.

Pensez à eux, un petit peu...